Renforcer les centres de créativité, d’innovation et de savoir

Le 27 juin 2012, l’honorable Glen Murray, ministre de la Formation et des Collèges et Universités a publié un document de consultation intitulé Renforcer les centres de créativité, d’innovation et de savoir en Ontario (Renforcer), portant sur des idées à l’égard de l’éducation postsecondaire en Ontario. Ce document propose rien de moins qu’une transformation de l’éducation postsecondaire en Ontario, et il est probable qu’il déclenchera une réflexion, un dialogue et des actions dans tout ce secteur d’activité.

Le secteur de l’éducation postsecondaire est essentiellement le moteur de l’économie
du savoir de l’Ontario.

En désignant nos sphères collégiales et universitaires en tant que des centres de créativité, d’innovation et de savoir de l’Ontario, Renforcer fait un beau compliment bien mérité à nos 24 collèges publics et nos 20 universités publiques et nous rappelle avec pertinence que ce secteur est essentiellement le moteur de l’économie du savoir de l’Ontario. Il réitère aussi à l’ensemble des Ontariennes et Ontariens les raisons pour lesquelles nous investissons d’importants fonds publics dans l’éducation postsecondaire

Les conclusions procurent également une fin appropriée à l’histoire du riche héritage de ce secteur et de ses obligations de ne pas oublier le lien existant entre la formation et l’éducation d’une part et, d’autre part, la main-d’œuvre et l’entrepreneuriat. De plus, elles esquissent une vision inspirante d’un secteur postsecondaire ayant des relations fluides avec la main-d’œuvre et les innovateurs du milieu des affaires de l’Ontario et proposent un « secteur souple qui peut s’adapter à l’accélération de la technologie et de notre économie ».

Contact North I Contact Nord, le réseau d’éducation et de formation à distance de l’Ontario, planifie au cours des prochaines semaines de faire appel périodiquement au ministre Murray, au Ministère et à ses partenaires parmi les collèges et les universités afin de faire une réflexion sur les manières dont les technologies éducatives et de l’information peuvent être intégrées aux ressources humaines sectorielles et aux processus de nos établissements d’enseignement postsecondaire, et ce, pour favoriser les genres de changements transformationnels qui sont décrits dans le document Renforcer.

La grande question est de savoir si les changements futurs découleront de nos choix ou s’ils seront des accidents provoquant des conséquences involontaires de perturbations technologiques dans un vide stratégique.

Ouvrons la voie à une discussion proactive en présentant une proposition selon laquelle les cinq phénomènes concomitants décrits ci-dessous perturbent actuellement l’éducation postsecondaire et, à notre avis, mèneront à un changement transformationnel.

Si c’est vrai, la grande question est de savoir si les changements futurs découleront de nos choix ou s’ils seront des accidents provoquant des conséquences involontaires de perturbations technologiques dans un vide stratégique. En fait, le document Renforcer conclut son exposé avec l’intention exprimée « d’élaborer une stratégie de transformation de l’éducation postsecondaire de l’Ontario ».

Selon nous, les cinq phénomènes suivants influent sur l’éducation postsecondaire.

1. L’éducation en ligne

Bien que nombre d’éducatrices et éducateurs continuent de débattre la place de l’éducation en ligne dans l’éducation postsecondaire, les étudiantes et étudiants de l’Ontario, quant à eux, démontrent peu de doute quant à leur opinion à ce sujet.

Premièrement, les preuves sont de plus en plus claires que :

(a) il y a peu ou pas de différence importante statistiquement dans les résultats de l’apprentissage, qui peut être attribuée aux modalités de la prestation de l’éducation sur le campus ou en ligne;

(b) l’investissement dans la technologie et la pédagogie nouvelles à l’égard de la prestation en ligne l’emporte de beaucoup sur l’investissement dans la prestation en salle de classe.

Les inscriptions en ligne s’accroissent beaucoup plus vite dans l’éducation postsecondaire partout dans le monde, et on traite maintenant les préoccupations de la première heure au sujet de la persistance des apprenantes et apprenants. En outre, les étudiantes et étudiants actuels s’attendent à la flexibilité et au contrôle que ce mode de prestation leur procure pour qu’ils puissent équilibrer les diverses demandes très compliquées de leur vie. Quoique cette « perturbation » soit déjà en cours, il est évident qu’elle n’a pas été socialisée entièrement. Par exemple, un nouveau rapport1 publié cette semaine démontre clairement que de nombreux membres du personnel enseignant ne s’engagent pas dans l’enseignement en ligne et que plusieurs d’entre eux continuent de traiter l’éducation en ligne avec scepticisme.

Deuxièmement, l’éducation en ligne est encore à ses débuts du point de vue pédagogique et technologique. Cette perturbation est en pleine évolution, et les seuls constats clairs sont que :

(a) le taux d’adoption augmentera;

(b) le taux d’acceptation des résultats en ligne parmi les étudiantes et étudiants et leurs employeurs augmentera également.

En se fondant sur cette analyse, Contact North | Contact Nord donnera un aperçu des investissements particuliers que le ministère pourrait envisager pour :

(a) diminuer le scepticisme et le désengagement du personnel enseignant;

(b) augmenter le taux d’adoption de la technologie dans l’éducation postsecondaire;

(c) augmenter le taux d’introduction du changement pédagogique.

2. Les cours en ligne largement ouverts (massive open online courses, ou MOOC)

L’émergence des MOOC constitue la preuve la plus convaincante que la pratique de l’enseignement ainsi que le taux d’adoption de la technologie sont en train d’évoluer.

Fait intéressant, le premier MOOC a été offert en 2008 par Stephen Downes, du Conseil national de recherches du Canada, à une « classe » de plus de 2000 étudiantes et étudiants. Puis à l’automne 2011, deux professeurs de la Stanford University ont captivé les médias et les imaginations en donnant un cours universitaire de calibre « Stanford » sur l’intelligence artificielle à plus de 50 000 étudiantes et étudiants simultanément à l’échelle mondiale.

Depuis le lancement d’un tel « spoutnik » éducatif, au moins trois nouvelles entreprises d’éducation (Udacity, Coursera et EdX) ont vu le jour aux États-Unis. Il est important de noter que les établissements d’enseignement qui participent à ces efforts sont notamment les universités Stanford, Harvard, UC Berkeley, Princeton, Michigan et Carnegie-Mellon. Il y a plusieurs choses remarquables au sujet des MOOC.

Premièrement, les MOOC sont sur le plan pédagogique un exemple de « cours magistraux inversés », c’est-à-dire une pédagogie visant que l’étudiante ou étudiant réalise les avantages des cours magistraux grâce à la mobilisation avec des captures de « grains » de cours magistraux, des quiz et des tests en ligne et d’autres outils d’apprentissage en ligne. Lorsque les cours sont inversés sur le campus, le temps ainsi libéré est utilisé pour des exercices, des cours magistraux de professeurs invités, la recherche de premier cycle ou d’autres activités qui approfondissent ou élargissent l’expérience et l’apprentissage des étudiantes et étudiants.

Deuxièmement, les MOOC mettent à profit les techniques normalisées pour la capture de cours magistraux, la conception granulaire de vidéos, le flux pédagogique, le testage en ligne et d’autres activités. Simultanément, ces normes haussent la qualité des ressources d’apprentissage et abaissent leur coût de production, brisant ainsi la science économique pernicieuse de longue date de l’éducation postsecondaire qui oppose toujours la qualité aux économies de coûts.

Troisièmement, les MOOC (sous la forme de Coursera, de Udacity et de EdX) réécrivent le « plan de match » du financement de l’éducation postsecondaire. Dans chaque cas, les cours offerts sont gratuits. Pour ce qui est de Coursera et de Udacity, le modèle de fonctionnement est commercial, et son surnom est le modèle « freemium ». Selon ce modèle, le produit ou le service de base est livré sans aucun coût au consommateur. Les revenus de ces entreprises proviennent des services à supplément qui peuvent être intégrés à un écosystème autour d’une offre de base. Ce modèle signifie que les étudiantes et étudiants de l’Ontario auront bientôt l’option de suivre des cours de calibre supérieur sans aucun coût et dans un mode de prestation qui est déjà accepté avec enthousiasme par des étudiantes et étudiants du monde entier.

Les MOOC perturberont non seulement la base de la prestation traditionnelle de l’éducation postsecondaire, mais aussi notre environnement émergent de l’apprentissage en ligne. En se fondant sur cette analyse, Contact North | Contact Nord donnera un aperçu des investissements particuliers que le ministère pourrait envisager pour élaborer une stratégie provinciale en matière de MOOC, qui comprendrait la création de la capacité d’accepter de reconnaître en Ontario les crédits des MOOC des autres ainsi que la capacité de produire des cours de ce type pour leur utilisation à l’échelle provinciale et internationale. De tels investissements devront eux aussi toucher les gens (incitatifs et formation), les processus et la technologie.

3. Le portfolio électronique

Le document Renforcer démontre de façon convaincante que, de nos jours, les étudiantes et étudiants dans le secteur de l’éducation postsecondaire sont mobiles.

Les étudiantes et étudiants mènent tous les aspects de leur vie sur une variété de plateformes informatiques et de communication. Bien que cette démarche soit très différente de la stratégie générale d’investissement lié au lieu et de la réalité de nos établissements d’enseignement postsecondaire, la mobilité des étudiantes et étudiants leur procure en fait une bonne préparation pour leur entrée ou leur retour prochain sur le marché du travail.

De nos jours, les mécaniciens diagnostiquent les problèmes mécaniques à l’aide d’ordinateurs et acquièrent une formation complexe sur une base juste-à-temps grâce à un matériel didactique numérique qui leur est livré quand ils en ont besoin et sous la forme qu’ils utilisent. Le personnel enseignant se sert du matériel d’apprentissage de la Khan Academy afin de permettre aux étudiantes et étudiants de personnaliser leur apprentissage et de les habiliter à apprendre à des rythmes différents au sein de la même structure de classe. En outre, le matériel interactif de la Khan Academy (et d’autres institutions) suit les étudiantes et étudiants jusqu’à leur domicile, où il peut être utilisé sur des téléphones intelligents, des ordinateurs domestiques, des ordinateurs portatifs ou des tablettes.